Carandiru
De : Hector Babenco Avec : Luiz Carlo Vasconcelos, Milton Gonçalves, Ivan de Almeida
Sortie France le : mercredi 2 juin 2004
Brésil, 2003, 2h26
sélection officielle au Festival de Cannes 2003
Dans l’univers éprouvant d’une gigantesque prison brésilienne, un médecin bénévole fait de la prévention contre le sida. Il apprend à connaître les prisonniers et à gagner leur confiance. Mais la violence reste omniprésente  ! |
Fortement inspiré du roman de Drauzio Varella, à partir d’un témoignage publié en 1999 au Brésil, Carandiru ne laisse pas indifférent. Le film a pour cadre la prison de Carandiru, qui fut un temps la plus grande d’Amérique latine, avant que le gouverneur de Sao Paulo ne décide sa destruction complète en 2002. Véritable monde à part, avec ses propres lois, ses chefs occultes, ses pratiques illicites, Carandiru est un lieu de vie surpeuplé, où un médecin se porte volontaire pour lutter contre la propagation du virus du sida. Il a donc la possibilité de rencontrer seul les prisonniers et de parler avec eux d’un sujet très délicat, la sexualité. Des liens vont s’établir peu à peu et on découvre une galerie de personnages hauts en couleurs, où des hommes brisés par la violence qu’ils subissent ou font subir, montrent ce qui leur reste d’humanité.
A Carandiru, chacun s’organise comme il peut. Les cellules deviennent des refuges, lieu d’intimité qu’on décore à sa convenance et qui déconcertent le spectateur européen. On y observe d’autres règles que chez nous, comme par exemple le jour de visite. Pour cette occasion, la cour de la prison est ouverte à toute les familles. On se retrouve à l’ombre d’une tente improvisée, on apporte son pique nique, le transistor et même un candidat au mariage. L’ambiance est plus proche de celle d’une fête de village que d’un parloir ! Malheureusement, l’envers du décor est aussi sordide qu’ailleurs : harcèlement, insultes, bagarres, clans en guerre ouverte, drogue, prostitution et toujours cette violence inouïe qui déstabilise.
Pourtant, le réalisateur Hector Babenco n’essaye jamais d’en faire trop. Il porte un regard plein de compréhension sur ces hommes désespérés et s’attache plus à montrer pour faire comprendre qu’à juger. Tout se passe à travers le regard de ce médecin qui reçoit les confidences et les secrets que les prisonniers ne veulent pas donner à l’administration mais qui sont trop lourds à garder. Avec lui, on peut croire que les choses vont changer et les gens se transformer. La scène d’émeute finale n’en est que plus déroutante. A cause d’une bagarre entre bandes rivales, c’est toute la prison qui va être mise à sac. Les morts se comptent par dizaines et le gâchis est d’autant plus immense qu’on a eu un moment l’impression que le pire était passé. Carandiru est un film fort et bouleversant qui est cependant à déconseiller aux jeunes enfants.
Magali Van Reeth |
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