L’avion
De : Cedric Kahn Avec : Isabelle Carré, Vincent Lindon, Roméo Botzaris
Sortie France le : mercredi 20 juillet 2005
France, 2004, 1h40.
Film sur l’enfance et la mort, ancré dans un univers particulier, plein de féerie et d’angoisse, où notre univers rationnel est bien chahuté. |
Inspiré de l’univers de Charly, héros d’une bande dessinée française de Denis Lapiere et Magda, l’avion pourra séduire ceux qui aiment trouver dans la vie quotidienne une part de magie. Ce film confirme aussi la richesse de création du réalisateur, Cédric Kahn qui, de film en film, se renouvelle sans cesse. Ses films précédents s’inspiraient déjà d’une œuvre romanesque : L’ennui d’après Moravia en 1998, Feux rouges d’après Simenon en 2004 et même Roberto Succo en 2001, d’après les écrits réunis autour de ce personnage réel. Mais tous ont été traités dans des styles très différents, à tel point qu’il est difficile de reconnaître l’empreinte du réalisateur. Si ce n’est qu’on est à chaque fois dérouté, la projection nous laissant un vague malaise indéfinissable où nos repères les plus sûrs se trouvent rudement mis à mal.
Avec l’avion et son propriétaire, Charly, 8 ans, on se prend à rêver d’un monde différent où les cadeaux de Noël ne sont jamais décevants, où les jouets sont animés d’une vie particulière et secrète et où les gens qu’on aime ne meurent pas. Car Charly voulait un vélo à Noël, pas une maquette d’avion apporté par un papa qui meure quelques semaines plus tard. Il faut du temps à un enfant pour comprendre la mort, pour l’accepter, c’est-à-dire pour en saisir tout le côté irréversible, le « jamais plus ». Il faut du temps aussi pour comprendre que les gens qui meurent peuvent continuer à vivre en nous.
Pour Charly, l’avion apporté par son père va lui servir à la fois de refuser la réalité et à en accepter la violence. Si pour lui, l’avion peut voler, il est aussi l’essence même de son père disparu, ce qu’il y avait de mieux chez cet ingénieur admiré de tous. Voilà pourquoi il est magique et appelé à disparaître. Mais cette fois, Charly a le temps de se préparer à cette disparition.
Malheureusement, des invraisemblances moins magiques nous empêchent d’adhérer totalement au côté fantastique du film. On regrettera surtout la mauvaise performance des enfants - Charlie a une confidente - qu’Isabelle Carré et Vincent Lindon n’arrivent pas à nous faire oublier.
Magali Van Reeth |
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