La cité de Dieu (Citados de Deus)
De : Fernando Meirelles Avec : Alexandro Rodriguez, Alice Braga, Matheus Nachtergaele
Sortie France le : mercredi 12 mars 2003
Brésil/France/Etats-Unis, 2002, 2h15
prix Signis au Festival international du nouveau cinéma latino-américain de La Havane 2002
Film interdit aux moins de 16 ans
Un film coup de poing sur la vie dans les bidonvilles du Brésil, à travers l'itinéraire de Fusée, un jeune homme qui rêve d'être photographe quand tous les autres s'entretuent dans la misère. |
Si ce film magnifique est interdit aux moins de 16 ans, c'est tout simplement parce qu'il montre la violence quotidienne que subissent depuis des années les enfants et les adolescents des bidonvilles du Brésil. Le réalisateur brésilien Fernando Meireilles n'en rajoute pas : aucune scène ne se prolonge inutilement, aucun érotisme et les assassinats, très nombreux, sont plus suggérés qu'imposés par l'image. Mais cette vie est réellement d'une cruauté insoutenable et on ne peut être que révolté de constater que tant d'enfants vivent dans un enfer pareil, obligés pour survivre de louvoyer entre drogue, armes à feu et braquages.
Car La cité de Dieu est basée sur des faits réels, rapporté par le romancier Paulo Lins. Et si le film est si bouleversant et si fort, c'est à cause du talent de Fernando Mereilles. Jusqu'au bout, et dans les pires situations, il nous montre qu'il y a encore de l'espoir, de l'humour, de l'humanité. A travers le héros, le jeune Fusée, dont la naïveté lui permet d'échapper à beaucoup de situations dramatiques. Sans doute aussi à cause d'une présence divine qui lui permet de ne pas sombrer dans le banditisme et qui donne les scènes les plus drôles et les plus attachantes du film.
L'une des grandes forces de La cité de Dieu est le ton résolument moderne de son écriture cinématographique, loin des découpages et des plans classiques. Ici, tout est perturbant et va très vite, même les images, époustouflantes. Tout au long des 2 heures du film, on est tenu en haleine, comme sur la corde raide, comme les personnages qui risquent leur vie à chaque instant pour n'avoir pas fait le bon choix. Mais quelle belle leçon d'humanité que cette Cité de Dieu qui décortique aussi magistralement les mécanismes de la violence, sans faire de concession au pouvoir en place et qui bouscule quelques préjugés.
Le Jury Signis (association internationale catholique pour le cinéma) a décerné son prix à La cité de Dieu : "parce qu'il reflète, dans un langage cinématographique moderne et efficace, la violence quotidienne qui détruit les communautés marginales d'Amérique latine, et en particulier les jeunes et les enfants. Mais, par l'intermédiaire de son héros, le film sous-entend qu'il existe une possibilité réelle de reconstruire cette société."
Magali Van Reeth |
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