Dear Wendy
De : Thomas Vinterberg Avec : Jamie Bell, Bill Pullman, Michael Angarano, Novella Nelson, Alison Pill
Sortie France le : mercredi 22 juin 2005
Danemark, 2004, 1h41
Un film à prendre avec précaution car s’il dénonce le port d’armes à feu, il le fait avec une certaine ambiguïté dans la première partie. |
Dear Wendy est un film à plusieurs niveaux de lecture. Pour certains, il est une dénonciation de la banalisation des armes à feu aux Etats-Unis ou ailleurs. Mais parce que certaines scènes où les acteurs manient leurs armes avec un plaisir communicatif sont extrêmement séduisantes, il peut avoir l’effet contraire. Sur ceux qui se sentent naturellement attirés par ce genre d’objets dangereux et sur les adolescents en particulier. Réalisé par Thomas Vinterberg sur un scénario de son collègue Lars von Trier, Dear Wendy est un film à la fois remarquable et pervers…
Dans une ville américaine qu’il serait difficile de placer dans une région ou à une époque, tant le décor brouille les pistes, un jeune homme, un peu solitaire et timide, est tout à coup fasciné par les armes à feu. Bien sûr, il est pacifiste et convaincu qu’on ne doit pas utiliser une arme pour tuer. Mais il reçoit un jour, comme une révélation, le fait que porter une arme rend plus fort, plus confiant. Cette révélation porte en elle toute la perversité et l’ambiguïté du film. Des adeptes sont recrutés parmi les jeunes mal aimés, un rituel est créé dans un lieu secret appelé « le temple », avec des codes et des déguisements. des liens très forts se créent. Porter une arme sur soi est un facteur d’épanouissement qui créé du lien social, s’exercer à tirer sur une cible, une jouissance intime.
Bien sûr, tout indique dans le film que le drame est inéluctable et que les armes sont toujours dangereuses. On sent la tension monter. Le dénouement est un grand moment de cinéma car, au lieu d’utiliser les ressorts dramatiques habituels, Thomas Vinterberg met en scène le drame attendu dans un espace minimum, sans aucun suspens, sans hold-up, sans effet romanesque ou presque puisqu’il s’agit de faire traverser une place quasi déserte à une grand-mère qui veut apporter un paquet de café à sa cousine. C’est du grand cinéma qui montre, avec presque rien, tout le côté dérisoire de l’illusion de puissance, tout l’impact de l’imprévisible, tout le danger des armes à feu et de la peur. Toute l’absurdité de cette fascination pour un instrument de puissance.
Il n’empêche. Le sentiment de malaise qui nous envahit à la fin du film n’est pas dû uniquement à la tuerie à laquelle on vient d’assister. Ce film est donc à déconseiller aux jeunes adolescents.
Magali Van Reeth |
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