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Le promeneur du Champs de Mars
De : Robert Guédiguian Avec : Michel Bouquet, Jalil Lespert, Philippe Fretun
Sortie France le : mercredi 16 février 2005
France, 2004, 1h57.
Sélection officielle au Festival de Berlin.
Les derniers mois d’un homme de pouvoir qui sait qu’il va mourir et qui lutte contre la maladie pour arriver à la fin de son mandat. Une magnifique et troublante évocation de la mort. |
Loin d’être une hagiographie de François Mitterrand, président de la république française entre 1981 et 1995, Le promeneur du Champs de Mars est une fine réflexion sur la mort. Bien qu’elle ne soit pas au générique et qu’on ait dû l’accepter sans casting préalable, la mort hante chaque plan de ce film. Elle est omniprésente dans ce presque huis clos entre les deux personnages principaux. Presque car si les personnages ne sont que deux, les thèmes qu’ils abordent sont si vastes qu’ils ouvrent sans cesse l’espace de leur conversation : la France, le monde, la littérature et l’histoire universelles. On frôle en permanence l’immense et l’éternel.
L’un des personnages est un homme de pouvoir, on ne l’appelle que Monsieur le Président. On comprend qu’il est déjà en place depuis longtemps et arrive à la fin de son mandat. Mais il semble quitter presque sans regret cette place si enviée, même s’il s’est beaucoup battu, beaucoup compromis pour la conquérir. Pourtant, il compte les jours car il se sait gravement malade et il ne veut surtout pas mourir avant la fin de ce mandat. Il lutte pour finir la tête haute, pour rester en vie jusqu’au bout. Pour laisser une belle image de lui, quitte à cultiver le mystère. Le deuxième personnage est un jeune journaliste, Antoine, qui écrit un livre sur ce président. Fasciné par l’homme charismatique qu’il découvre et poussé par sa soif de vérité, il oscille entre admiration et répulsion. Les questions qu’il pose sont souvent esquivées mais les réponses sont toujours pertinentes. Ensemble, ils comblent l’attente de la mort par des conversations qui font souvent l’école buissonnière. Le président colmate son angoisse par des repas fins, l’évocation des grands destins de l’histoire de France ou bien il entraîne ses gardes du corps à la plage, pour réciter des poèmes devant l’effilochement des nuages au dessus de la mer.
On se laisse vite prendre par l’ambiance particulière de ce film. Robert Guédiguian, qui a délaissé pour l’occasion le port de Marseille et ses acteurs préférés, trouve dans cette confrontation entre l’incarnation du pouvoir et l’attente de la mort, une occasion de rehausser son talent. Dans la direction d’acteurs tout d’abord, permettant à Michel Bouquet cette puissante évocation d’un personnage à la détermination étonnante ; mais aussi en suggérant par les images cette présence de l’inconcevable pour l’être humain. La mort est invisible mais elle est si fortement présente dans Le promeneur du Champs de Mars qu’elle donne au spectateur l’impression d’être finalement moins redoutable.
Magali Van Reeth |
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