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Holy Lola
De : Bertrand Tavernier Avec : Isabelle Carré, Jacques Gamblin
Sortie France le : mercredi 1 décembre 2004
France, 2003, 2h08.
Sortie en France le 24 novembre 2004.
Docu-fiction où on partage les émotions et déceptions d’un couple parti chercher un enfant à l’étranger mais qui laisse très mal à l’aise par la façon dont le cinéaste nous présente le Cambodge. |
Bertrand Tavernier est un cinéaste soucieux de défendre les causes perdues, quelles soient historiques avec Capitaine Conan en 1996, sociales avec Ca commence aujourd’hui en 1999 ou juridiques ave le documentaire sur la double peine en 2001, Histoires de vies brisées. On en attendait donc avec impatience ce qu’il avait à dire sur l’adoption, sujet forcément douloureux et dramatique. Malheureusement, Holy Lola est une terrible déception, tellement le sujet est traité de façon manichéenne.
Pierre et Géraldine sont un couple de Français qui décident de partir au Cambodge pour plusieurs semaines afin d’y trouver un enfant susceptible d’être adopté et ramené légalement en France. Le film les suit dans ce parcours du combattant où il faut, dans un pays dont on ne parle pas la langue et dont on ne connaît pas les coutumes, trouver l’orphelinat qui voudra bien leur proposer un enfant, traverser les méandres d’une administration locale et payer sans arrêt des pots de vin pour faciliter toutes les procédures. On comprend que le couple craque plusieurs fois.
Mais ce qu’on a du mal à comprendre en tant que spectateur, c’est la vision du peuple cambodgien proposé par Bertrand Tavernier. Qu’ils soient chauffeur de taxi, mère célibataire, médecin, fonctionnaire, dirigeant d’entreprise, gestionnaire d’orphelinat, ils sont tous d’une effrayante cupidité et leur seule préoccupation semble être de faire payer au maximum ces pauvres couples Européens. Si on partage la détresse des couples sans enfant, on a du mal à comprendre pourquoi un cinéaste nous présente une vision aussi manichéenne du Cambodge qui frise le colonialisme quand l’actrice principale dit : « Mais pourquoi font-ils tant de difficulté alors qu’on veut juste sauver leurs enfants de la prostitution ! » ou « De toutes façons, les Américains cassent les prix ! ».
Si le cinéaste nous montre brièvement une foule d’enfants en train de fouiller dans les ordures d’une décharge publique pour trouver de quoi survivre, ou un homme racontant avec pudeur et retenue son expérience du génocide khmer, jamais l’attitude des Cambodgiens et la corruption qui règne dans leur pays n’est explicitée. Le film est un face-à-face entre les malheureux Français en mal d’enfants et les méchants Cambodgiens qui profitent honteusement de la situation. On ne peut sortir de la salle sans un sentiment de malaise face à cette vision très réductrice qu’a Bertrand Tavernier du Cambodge. Ce pays extrêmement pauvre, laminé par des années de guerre civile et l’extermination de ses élites politiques, culturelles, religieuses et sociales, méritait un autre traitement, qu’un cinéaste de la trempe de Tavernier pouvait facilement se permettre.
Magali Van Reeth |
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