Last days
De : Gus Van Stan Avec : Michael Pitt, Lucas Haas, Asia Argentino
Sortie France le : mercredi 25 mai 2005
Etats-Unis, 2004, 1h37.
En compétition dans la Sélection officielle au Festival de Cannes 2005.
Film déroutant qui, à travers une mise en scène et un montage exceptionnels, suit les errances d’un jeune homme dans les derniers jours de sa vie. |
Précédé bien avant sa sortie en salle par une campagne médiatique annonçant un film inspiré par le musicien Kurt Cobain, Last days risque de décevoir profondément les amoureux du groupe Nirvana. Pas un de leurs morceaux de musique ne traverse ce film où le personnage principal s’appelle Blake. Aucun potin sur la vie du chanteur, pourtant sulfureuse. Pas grand chose à quoi se raccrocher pour les fans de Kurt Cobain, si ce n’est une silhouette presque fantômatique. Et heureux les cinéphiles qui découvriront le film sans rien savoir de ce musicien.
Car Last days est d’abord le résultat d’un formidable travail du réalisateur Gus Van Stan. Sur des images lumineuses, il jette un personnage perdu dans le monde et dans sa propre vie, personnage qui murmure des mots incompréhensibles. Blake erre d’un bout à l’autre du film, au hasard des rencontres, parfois burlesques, parfois provoquées, en essayant toujours de s’enfuir, jusqu’à la fuite définitive. Deux ou trois jours à chercher une issue de secours, fuyant ses amis et mais gardant d’étonnants réflexes de civilité face à de parfaits inconnus. Le personnage, qui pourrait être n’importe quel jeune homme en perdition de lui-même et du monde réel, en quête de sens et de repères, déambule dans des images qui sont elles chargées de sens et de symboles, comme pour accroître son désarroi. Si Blake est tellement perturbé qu’il confond les macaronis au fromage avec les céréales du petit déjeuner, les images qui le font vivre à l’écran sont si intelligentes qu’on reste durablement impressionné par cette maîtrise de l’art de la mise en scène et du montage.
Le réalisateur américain Gus Van Stan, palme d’or à Cannes il y a deux ans pour son précédent film Elephant, pousse encore un peu loin son travail de construction des images, notamment à travers la bande son qui, lorsque l’image montre la lisière d’une forêt, nous fait entendre les bruits de la ville toute proche, comme pour nous faire participer à la perplexité du personnage. Last days pourra donc dérouter les spectateurs attirés par le seul nom de Kurt Cobain. Car il ne s’y passe pas grand chose, hormis cette fuite hors de soi-même et des autres, jusqu’à la très belle scène finale de la délivrance tant attendue. Mais pour tous ceux qui aiment être dérouté par le cinéma et l’écriture très personnelle d’un réalisateur, Last days est à ne pas manquer.
Magali Van Reeth |
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