De battre, mon coeur s’est arrêté
De : Jacques Audiard Avec : Romain Duris, Jonathan Zaccaï, Niels Astrup, Aure Atika, Lin-Dahn Pham
Sortie France le : mercredi 16 mars 2005
France, 2004, 1h47.
Dans la première scène de ce film, le personnage principal, Tom, écoute un ami lui parler de son père qui vient de mourir. « Tu crois en Dieu ? » Peu importe la réponse à cette question, elle donne une piste pour entrer dans le dernier film de Jacques Audiard, De battre, mon coeur s’est arrêté. |
Film sombre où on découvre Tom, jeune homme aux épaules nouées et mâchoire serrée, sans cesse en mouvement. Mouvements saccadés, violents parfois, qu’il abreuve de musique heurtée à travers le casque de son baladeur qu’il semble ne jamais lâcher. Tom transpire l’anxiété et semble ne pas s’en rendre compte. Il vit dans un tourbillon, happé par l’urgence, sans aucun recul, suivant ses amis, son père, sans prendre le temps de respirer à fond, de sentir battre son cœur. Grâce à quelques scènes très expressives, on se rend compte qu’il n’a aucune notion du bien et du mal. Aimer est pour lui un verbe si inaccessible qu’il n’en éprouve aucun manque, aucun désir. Portrait effrayant d’une génération sans repère malgré l’aisance financière.
Mais si Jacques Audiard affectionne ces personnages sans issue, enfermé dans leur propre égoïsme, tout en douleur rentrée, il aime aussi leur donner une chance. Ouvrir dans leur prison intérieure une porte sur un autre monde, plus humain. Si dans De battre, mon coeur s’est arrêté cette porte s’ouvre grâce à une astuce de scénario un peu grossière, on se laisse malgré tout prendre par cette renaissance à la vie. Une reconstruction d’un être humain, où il faut apprendre à respirer, à se détendre, à reprendre encore et encore la tâche qui nous est imposée, celle contre laquelle il faut se battre pour réussir. La réussite se situant alors bien au-delà de la valeur mercantile des objets. Tom peut alors vivre sans baladeur et décider par lui-même de ses actes et de ses renoncements.
Dans ce rôle d’accroché, en permanence soumis à des tensions qu’il ne contrôle pas, Romain Duris montre enfin qu’il est un grand acteur en flirtant avec le drame, le doute et la rancoeur. On ne sait toujours pas si son personnage croit en Dieu mais on sait qu’une réelle présence divine l’a traversé.
Magali Van Reeth |
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