Va et viens et deviens
De : Radu Mihaileanu Avec : Yaël Abecassis, Roshdy Zem, Moshe Agaza
Sortie France le : mercredi 30 mars 2005
France, 2004, 2h20
Sélection officielle au Festival de Berlin 2005, prix du public, prix du Jury œcuménique et prix Label Cinema Europa.
Film chaleureux et émouvant qui fait revivre avec simplicité les tourments d’un jeune garçon orphelin et déraciné. Un bel hymne à la vie et à la tolérance. |
Lorsque le cinéma sait allier la magie des images et l’envoûtement des histoires à un sujet fort, le spectateur vit un moment de grâce. C’est la cas avec Va, vis et deviens du réalisateur français Radu Mihaileanu. Un réalisateur qui fait peu de films - Trahir en 1992 et Train de vie en 1998 - mais qui les construit sans précipitation. Va, vis et deviens revient sur des événements qui ont eu lieu en 1984, lorsque Israël décide d’organiser un pont aérien pour sauver les juifs d’Ethiopie, les falashas, que la famine et la guerre poussaient par milliers dans les camps de réfugiés du Soudan. Si, dans cette opération humanitaire, 8000 juifs ont été sauvés, 4000 ont péri en route et, pour ceux qui sont arrivés en Terre promise, l’accueil a été glacial. Ils étaient noirs et étaient-ils vraiment juifs ?
Parmi eux, un très jeune garçon que sa mère pousse à fuir pour le sauver de la pauvreté et d’une vie trop fragile. Parti dans l’incompréhension et le chagrin, l’enfant est perdu et dérouté dans un monde dont il ne connaît rien. Il enfouit son secret et sa douleur au plus profond de lui-même. Sur son chemin, le deuil encore, l’incompréhension, le racisme et la méchanceté ordinaire du quotidien. Mais aussi la générosité lumineuse de certains, l’aide patiente, la délicatesse et la gentillesse bouleversante de ceux qui ne sont pas des héros mais des êtres humains à part entière.
Film fort et dramatique, Va, vis et deviens est une magnifique page d’espérance pour les plus pauvres d’entre nous. A cause de cette espérance, l’émotion ressentie tout au long du film n’est jamais vaine ou inutile. Sans cesse, pendant les deux heures que dure le film, le réalisateur ne lâche pas cette lueur d’espoir qui illumine les plus grandes souffrances et les vies les plus ordinaires. Il montre que la tolérance existe malgré le racisme et la peur, que l’affection et l’amour se déclinent au long cours.
Enfin, parce qu’il met en scène un enfant chrétien, recueilli par un pays où les juifs sont majoritaires mais dans une famille non-pratiquante, Va, vis et deviens dit l’importance des questions religieuses dans notre monde contemporain. Entre les déviances politiques de certains et la foi profonde et généreuse d’autres, Radu Mihaileanu ouvre une porte vers un monde plus humain, et donc plus pacifique et plus tolérant. Traversé par un souffle particulier, souffle de vie, souffle de création, souffle divin, son film bouleverse et touche les spectateurs avec une sorte de grâce.
Magali Van Reeth |
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