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La blessure
De : Nicolas Klotz Avec : Noëlla Mobasa, Adama Doumbia, Matty Djambo
Sortie France le : mercredi 6 avril 2005
France, 2003, 2h40.
Sélection la Quinzaine des réalisateurs, Festival de Cannes 2004.
Un film fort et bouleversant qui s’engage résolument du côté des demandeurs d’asile en dénonçant les conditions dans lesquelles certains d’entre eux vivent en France. |
Ce film, long et bouleversant, est à vivre comme une expérience particulière. Expérience humaine puisqu’il plonge au cœur du parcours infernal que vivent les demandeurs d’asile à leur arrivée en France. Expérience de cinéma à travers de très longs plans de visages qui disent sans une parole, la douleur de n’être pas à sa place. La blessure n’est pas un documentaire mais une fiction qui dénonce une situation complexe en étant remarquablement bien documentée.
Depuis plusieurs années, l’Union européenne tente de réguler l’immigration. Chaque pays a ses propres lois, ses propres méthodes. Aucune harmonisation à 12 ou à 25 n’existe dans ce domaine. En France, les étrangers qui demandent le droit d’asile bénéficient d’une procédure particulière, lorsqu’ils arrivent à la formuler à temps entre le moment où ils entrent sur le territoire français et celui où ils sont expulsés… A l’intérieur d’un aéroport international comme celui de Roissy, les limites territoriales sont souvent floues et les services de l’état utilisent ce flou pour refouler le flot d’étrangers qui arrivent de façon continue en provenance d’Afrique ou d’Asie.
La blessure commence donc dans la violence extrême des zones incertaines de Roissy. Zone d’espérance pour ceux qui fuient la guerre, l’oppression, la misère et la peur. Mais zone de non droit pour les policiers chargés de remettre dans l’avion ces hommes et ces femmes dont leurs concitoyens ne veulent pas. Devant ces images, on a honte d’être français : pas de siège dans les salles d’attente, pas de toilette accessible sans autorisation, humiliation généralisée et violence et matraques au moment de remonter dans l’avion.
On suit Blandine, qui arrive de la République démocratique du Congo, jusqu’à sa sortie des centres de Roissy, jusqu’à son arrivée dans le squat où habite son mari. Blandine découvre alors l’attente interminable de ces gens qui n’ont rien à faire parce qu’ils ne peuvent pas travailler tant que leur situation n’est pas régularisée. Elle a peur de vivre dans ce nouveau monde où elle ne connaît rien ni personne. Elle pense à ses enfants qu’elle a du laisser au pays. Elle découvre une autre misère et une nouvelle angoisse.
Dès qu’ils sont descendus d’avion, des centaines de demandeurs d’asile, comme Blandine, espèrent une vie meilleure et se heurtent à une autre misère, à d’autres injustices. Malgré quelques scènes qui sont parfois trop longues - mais l’attente des demandeurs d’asile ne l’est-elle pas bien plus - La blessure est un film qui met l’art au service de la dénonciation citoyenne et qui, pour cela aussi, mérite l’attention des spectateurs.
Magali Van Reeth |
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