Dogville
De : Lars von Triers Avec : Nicole Kidman, Paul Bettany, Patricia Clarkson, Jeremy Davies, Siobhan Fallon
Sortie France le : mercredi 21 mai 2003
Danemark, 2003, 2h58
Sélection officielle Festival de Cannes 2003
Un film déroutant par l’austérité de son décor mais qui saura séduire ceux qui sont sensibles à la précision d’un texte très fort, porté par des comédiens remarquablement dirigés, dont l’excellente Nicole Kidman déglamourisée pour l’occasion |
Lars von Triers est un réalisateur danois d’exception. Dans tous ses films précédents, il a exploré les possibilités de la caméra et du scénario, de façon parfois très provocante, mélangeant les genres et les effets, et secouant le spectateur dans son ronron habituel. Avec Dogville, il pousse encore un peu loin sa démarche artistique. 3 heures de cinéma, fascinantes, dans un décor frisant l’austérité : un plateau de théâtre où des traits de peinture au sol déterminent et créent une minuscule bourgade fictive. Là, dans une langue anglaise élégante, poétique et recherchée, il décortique les relations humaines jusqu’au cœur même de leurs fondements. Comment des gens ordinaires peuvent devenir aussi cruels et cupides lorsqu’ils sont en présence de quelqu’un de fragile, qui ne se défend pas ? Tout le côté sombre de l’âme humaine s’impose à nous en 10 chapitres.
La victime est une jeune femme, Grace, en fuite. Elle cherche refuge et secours auprès de cette petite communauté. Les bourreaux, ce sont des pères de famille, une institutrice férue de culture latine, un jeune homme qui veut être écrivain et élever moralement ses semblables. Le personnage de Grace est interprétée par Nicole Kidman, déglamourisée et donc encore plus belle et plus humaine quand elle accepte toutes les humiliations pour faire taire l’arrogance qu’il y a en elle.
Dogville peut paraître un peu difficile à cause de sa forme et de sa durée mais c’est du grand cinéma.
Ici le fond et la forme se complètent et s’entremêlent pour plonger dans la réalité de l’âme humaine. Notre jubilation de spectateurs à la fin du film, lorsque les méchants sont enfin punis, surgit alors dans toute son ambiguïté… Car on avait compris que c’est bien de nous dont on parle à Dogville.
Magali Van Reeth |
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