Clean
De : Olivier Assayas Avec : Maggie Cheung, Béatrice Dalle, Nick Nolte, Jeanne Balibar, Don McKellar
Sortie France le : mercredi 1 septembre 2004
France/Canada/Royaume-Uni/Etats-Unis, 2003, 1h50
Sélection officielle au Festival de Cannes, prix d’interprétation féminine pour Maggie Cheung.
Sortie en France le 1° septembre 2004.
Histoire d’une difficile reconversion où une femme paumée et seule essayer de changer de vie pour revoir son fils. Un film fort, plein d’émotion mais aussi subtil et remarquablement interprété, ce qui lui a valu d’être récompensé au dernier Festival de Cannes. |
Le début très glauque campe le décor : musiciens ratés, saturés de bruit et de substances illicites dans des motels minables où l’agressivité affective se vit au quotidien. Des personnages sans consistance mais plein de rêves et de désirs frustrés, n’ayant jamais pu trouver le sens de leur existence. Cette misère là est montrée de façon fulgurante dans le prologue de Clean. Le drame, forcément, survient très vite et avec lui l’obligation de changer de vie. Clean, c’est l’histoire d’Emily, une femme paumée qui va trouver dans ce drame l’occasion d’essayer de changer de vie. Parce qu’elle veut pouvoir un jour revoir ce fils qu’elle avait elle-même abandonnée. Clean, c’est le mot qu’utilise les drogués pour dire qu’ils ont enfin réussi à décrocher. Et comme souvent dans ces cas-là, il faut non seulement arrêter la drogue mais recommencer une autre vie alors qu’on n’a aucun moyen de le faire.
Olivier Assayas est un réalisateur français talentueux et exigeant. Dans ses précédents films, il explorait des chemins parfois déroutants pour le spectateur moyen. Avec Clean, il trouve le juste ton entre une histoire narrative limpide, fortes en émotions, et des images soignées et complexes. Ainsi, tout au long du film, en suivant Emily dans les péripéties de sa vie difficile, qu’il lui faut chaque jour arracher à sa propre fatalité, on voit la vie s’étaler dans les images des villes omniprésentes et bien réelles (le Paris et le Londres ordinaires), où Anna doit ancrer sa propre vie dans la modernité d’un monde vrai et complexe. La ville est le concentré des tentations, du bouillonnement, des dangers et des interdits de la vie. Comme le ticket qu’Emily composte dans le métro est le geste minuscule montrant qu’elle accepte de jouer le jeu jusque dans ses moindres détails. On peut alors y croire avec elle, bien avant que Nick Nolte, qui fait un grand-père émouvant, ne nous rappelle que « le pardon existe et les gens peuvent changer lorsqu’ils le doivent ».
Emily, c’est Maggie Cheung, actrice chinoise, autrefois star des films de kung-fu mais véritable actrice qui a su trouver la pleine dimension de son talent avec des réalisateurs plus difficile comme Wong Kar Wai, Yang Zimou ou Anne Fontaine. Avec Olivier Assayas, elle remporte à Cannes, pour ce film très abouti, le prix d’interprétation féminine.
Magali Van Reeth |
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