Terre promise
De : Amos Gitaï Avec : Anne Parillaud, Hanna Schygulla, Diane Bespechni
Sortie France le : mercredi 12 janvier 2005
Israël/France, 2004, 1h30.
Sortie en France le 12 janvier 2005.
Interdit aux moins de 12 ans.
Un film sans concession pour dénoncer un trafic abominable par un réalisateur israélien engagé et talentueux. |
Toute l’oeuvre du cinéaste israélien Amos Gitaï est un regard sans concession sur la société israélienne à laquelle il appartient et dont il est issu. Pour lui, l’artiste est d’abord un homme engagé dont les réalisations sont au service d’une autre vision des événements, du monde. Artiste international, Amos Gitaï prend des risques pour tendre à ses concitoyens un miroir où, grâce à l’œuvre de fiction, ils pourront appréhender différemment leurs habitudes. Parce qu’il sait combien la société israélienne est enfermée dans l’univers oppressant de la violence quotidienne et incessante, Amos Gitaï cherche des issues de secours dans l’exercice de son art. Avec une écriture très personnelle où l’émotion est tendue dans des décors souvent extrêmes mais toujours familiers, il remet sans arrêt son ouvrage sur le métier. Emporté par l’urgence du message à délivrer, il reste toujours dans le domaine de la création artistique, atteignant une dimension universelle nécessaire à l’ampleur de sa tâche.
Après avoir dénoncé les absurdités du conflit armé, notamment avec Kippour en 2000 et Kedma en 2002, il s’est ensuite intéressé au sort de la femme dans un état où chaque homme est avant tout un soldat, avec Kadosh en 1998 et Alila sortie en 2003. Femme, objet sexuel, légitime ou non, dont la fonction « repos du guerrier » est devenue effroyablement banale. Dans son dernier film, Terre promise, Amos Gitaï nous fait descendre dans l’enfer des prostituées, arrachées aux ruines de l’empire soviétique par de fausses promesses de richesses à venir, transportées sans ménagement d’Egypte en Palestine et de Palestine en Israël où elles sont vendues aux enchères, comme du bétail ou des objets de collection. Avec au passage quelques évocations d’un monde biblique qui semble si oublié de tous ; évocations de pratiques barbares qu’on préférerait avoir été oublié par tous, en toute circonstance. Et, quand de grosses sommes d’argent sont en jeu, comment des ennemis peuvent néanmoins travailler ensemble.
Film bouleversant et sordide, Terre promise ne l’est que par ce qu’il dénonce. La traite des êtres humains, pour quelque raison que ce soit, est inadmissible. Filmé avec l’urgence de cette dénonciation, Terre promise ne cède jamais à la facilité et encore moins au voyeurisme. L’horreur est suggérée, pas question de profiter de la détresse de ces jeunes femmes pour frôler avec l’érotisme. Tout ce qui leur arrive est terrifiant, vulgaire, dégradant et c’est ce que Amos Gitaï a d’abord voulu faire paraître à l’écran. Interdit aux moins de 12 ans, ce film est une nécessité pour ceux qui veulent comprendre le monde contemporain.
Magali Van Reeth |
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