A History of Violence
De : David Cronenberg Avec : Viggo Mortensen, Maria Bello, Ed Harris, William Hurt, Ashton Holmes
Sortie France le : mercredi 2 novembre 2005
Etats-Unis, 2004, 1h35
Sélection officielle au Festival de Cannes 2005.
Comment la violence vient-elle aux hommes et comment s’en débarrasser, à travers un film joliment maîtrisé et interprété avec brio. |
Réalisateur canadien prolifique, talentueux et un brin provocateur, David Cronenberg décevra peut être certains de ses admirateurs avec ce film à peine remarqué lors du dernier Festival de Cannes. Pourtant, A History of Violence (dont le titre n’aurait pas souffert d’avoir une traduction française) reste un film séduisant, notamment par les questions qu’il pose au spectateur et les ambiguïtés qu’il recèle. Car si le titre anglais montre clairement qu’il s’agit d’une histoire de la violence et non pas d’une histoire de violence, le réalisateur l’a résolument ancré dans la société américaine. Rien ne manque pour parfaire le décor. Ni la tranquillité d’une petite commune de l’Indiana, ni la chemise à carreaux du héros, ni la blondeur de ses enfants et de sa femme, ni le pick-up dans le garage et surtout l’incroyable dîner de famille qui clôt le film où on retrouve sur la table tout ce qui fait l’archétype du repas de famille américain : meat-loaf, petits pois et purée de pommes de terre. Dans ce mythe américain auquel David Cronenberg tient beaucoup, à nous de trouver la portée universelle de cette escalade de la violence.
Le héros du film est un père de famille heureux, calme et bon, qui élève ses enfants avec douceur et sans violence. La famille idéale. Mais après une tentative de hold-up manqué dans son restaurant, des truands, venus d’une grande ville, reconnaissent en lui un des leurs. Que le personnage soit ou non l’homme recherché, tout déraille insidieusement dans sa vie et sa famille. Excédé par la tension et les soupçons, la première claque arrive, suivie de près par une scène de ménage et l’apparition d’un fusil de chasse qui tuera bientôt son premier homme… Beau désastre au village ! Et en allant vers sa conclusion A History of Violence culmine dans l’ambiguïté. Pour faire cesser cette violence, soudain apparue dans sa vie tranquille, le personnage principal n’a d’autre solution que d’aller tuer tous les méchants.
Filmé avec intelligence, A History of Violence nous permet d’endosser complètement les contradictions du héros et de son entourage et d’assister, soulagé, au dénouement. Quitte à se poser des questions ensuite, une fois que la bonne impression laissée par la projection commence à s’estomper. Joli coup de bluff mais après tout, c’est bien ce qu’on aime au cinéma : être embringué dans des histoires qui ne sont pas les nôtres !
Magali Van Reeth |
|
|