A cinq heures de l'après-midi
De : Samira Makhmalbaf Avec : Agheleh Rezaie, Abdolgani Yousefrazi, Razi Mohebi, Herzieh Amitri
Sortie France le : mercredi 27 août 2003
Iran, 2003, 1h45
sélection officielle au Festival de Cannes 2003
prix du Jury œcuménique et prix du Jury
Dans les ruines de l'Afghanistan tout juste libéré des Talibans mais pas de la misère, une jeune fille retourne à l'école et rêve de devenir président de la nouvelle république. Un film poignant aux images magnifiques. |
Dès les premières images, les mots du poète espagnol Frederico Garcia Lorca traversent un paysage aride et placent le film dans une désolation poignante et une beauté à couper le souffle. La vie est posée là, devant nous, avec tout ce qu'elle a de magnifique et de douloureux. La survie n'est pas un choix, elle est ancrée dans la race humaine pour lui permettre d'aller tous les jours de l'avant. 5 heures de l'après-midi revient tous les jours. Triste et merveilleuse répétition, que l'on soit heureux ou non.
La jeune réalisatrice iranienne, Samira Makhmalbaf, a choisi de tourner son film là où personne ne pense à poser une caméra pour faire un film de fiction, dans les faubourgs de Kaboul, en Afghanistan, à l'automne 2002. Dans les ruines d'une ville autrefois magnifique, les réfugiés affluent malgré le manque d'eau, de vivre, de toits pour s'abriter. On cherche ceux qui ont disparus. Une jeune femme fille généreuse, galvanisée par la situation politique qui permet enfin aux filles de retourner à l'école, rêve d'être président de la nouvelle république d'Afghanistan. Pour faire aboutir son projet, elle rencontre un poète et un militaire français. Rencontres magiques, entre l'histoire qui traîne dans les palais en ruines et une actualité qui réclame du pain et offre une souffrance lourde et désespérée.
Il y a aussi un vieux père, qui ne veut pas de ce nouveau régime et dont la douleur le confine dans l'errance et la folie. Son chemin, chargé de cadavres dont il ne sait se séparer, le conduit toujours plus loin dans un monde aride et hostile qui fermera le film. Pourtant, A cinq heures de l'après-midi n'est pas un film désespéré. Le charme et la détermination du personnage principal sont si forts qu'on sait qu'elle saura surmonter les obstacles pour construire une nouvelle société. Son sens inné de la démocratie, où l'humour a aussi sa place, et son envie de savoirs, sont une belle leçon d'humilité pour nos sociétés occidentales saturées de biens de consommation et de libertés. Ce film a obtenu le prix du Jury œcuménique au Festival de Cannes 2003.
Magali Van Reeth |
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