Aviator
De : Martin Scorsese Avec : Leonardo DiCaprio, Cate Blanchett, Kate Beckinsale, John Reilly, Alec Baldwin.
Sortie France le : mercredi 26 janvier 2005
Etats-Unis, 2004, 2h45
Belle épopée d’un homme hors du commun, partagé entre son désir de création et ses pulsions d’autodestruction, où Leonardo DiCaprio fait de son mieux pour faire oublier sa jeunesse. |
Il est amusant de voir avec quel enthousiasme Leonardo DiCaprio et Martin Scorsese se sont lancés dans l’aventure Aviator. Sans doute parce que chacun a trouvé dans la vie d’Howard Hughes une part de lui-même. Martin Scorsese, comme lui, a connu des hauts et des bas dans sa carrière, expérimentant même une belle descente aux enfers après le succès de Taxi driver, palme d’or en Cannes en 1976. Une main tendue par un ami lui a permis de repartir. Leonardo DiCaprio, tout juste trente ans, déjà très riche, très célèbre et adulé, doit être fasciné par ces destins d’hommes qui sentent le souffre, perpétuellement à contre courant et qui finissent généralement au bord de la folie.
Aviator est donc le récit de la vie d’un homme hors normes, un génie de l’aviation, qui comptait deux ou trois fidèles et une cohorte d’ennemis. Il faut dire que non seulement le jeune Howard Hugues a mis une constance rare pour dilapider la fortune familiale en construisant des avions et en réalisant des films (activités ruineuses s’il en est) mais il était en plus légèrement dérangé par une peur maladive des microbes due à une forte tendance à la psychose névrotique. Séducteur mais pas assez sain pour garder ces dames bien longtemps. Une vie chaotique où Martin Scorcese a pu reconnaître des lambeaux de la sienne et où Leonardo DiCaprio qui, même avec les plus vilains maquillages, garde toujours son air poupin de jeune homme de bonne famille, peut flirter avec la chute en attendant de la connaître vraiment…
Heureusement, en dehors de ce côté thérapeutique de studio, Aviator est un film traversé par une énergie incroyable. Martin Scorsese a choisi de mettre en avant le déséquilibre de cette vie où le côté créatif d’Howard Hugues est sans cesse confronté à son côté destructif. Inventer un avion en faisant attention à la rugosité des boulons utilisés, concevoir le transport aérien moderne, réaliser des films, aimer toujours d’autres femmes mais se retrouver comme un bête apeurée après avoir cassé ses jouets. Vie fascinante menée sur un rythme infernal, on n’a même pas le temps de s’ennuyer pendant les 2h45 que dure le film. Successions de scènes grandioses et visuellement remarquables où Leonardo fait de son mieux, parfait dans les premières années pour interpréter le jeune séducteur, les poches pleines de sous et une ambition à rayer le parquet. Mais lorsque commence la descente aux enfers, il a du mal à faire oublier qu’il est plus Botticelli que Cranach.
Magali Van Reeth |
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