La fiancée syrienne
De : Eran Riklis Avec : Hiam Abbass, Clara Khoury, Makram Khoury
Sortie France le : mercredi 9 mars 2005
Israël, 2004, 1h36
Sélection officielle au Festival de Montréal 2004, prix du Jury oecuménique et prix du public.
Prix du public au Festival de Locarno 2004.
Dans un monde plongé dans le chaos, un mariage dans une communauté coupée en deux par une frontière. Une chaleureuse leçon d’espérance et de fraternité. |
Les histoires de famille, c’est déjà pas facile tous les jours mais lorsque se déroule une fête de famille, certaines tensions peuvent se réveillent pour animer la réunion. Les choses peuvent empirer au cours d’un mariage, surtout si la mariée n’a jamais vu son fiancée autrement qu’en photo. Et on frise le drame lorsque pour corser le tout, le mariage a lieu dans une communauté druze du Golan, complètement scindée de part et d’autre de la frontière israélo-syrienne…
Renvoyant dos à dos les administrations inhumaines et absurdes des deux pays, le réalisateur Israëlien Eran Riklis filme le mariage de Mona. C’est le jour le plus triste de sa vie car elle sait qu’une fois qu’elle aura quitté son village (annexé par Israël) pour rejoindre son mari en Syrie (qui revendique cette partie du Golan), elle ne pourra plus revenir dans sa famille. Les deux pays étant sur ce point parfaitement d’accord pour ne laisser aucun passage possible à ces citoyens à la nationalité « indéterminée ».
Commence alors une drôle de journée où les invités arrivent du monde entier, pas toujours désirés d’ailleurs, pour se heurter aux mentalités désuètes d’une communauté qui s’accroche à ce qui lui reste pour survivre, ses traditions ancestrales. La mariée est belle et triste, anxieuse de connaître l’homme qui va être son mari et qu’elle n’a vu qu’à la télé ; triste de savoir qu’elle ne verra plus sa sœur. Autour d’elle, on s’engueule, on pleure. On rêve d’un autre monde plus libre : les partisans du rattachement à la Syrie harcelés par les policiers israéliens ; leurs femmes qui veulent faire des études ou porter des pantalons ; leurs fils qui ont choisi de partir. Comme si tout le monde empêchait l’autre de respirer tout simplement.
La noce a lieu, sans musique, sans repas, entre les deux postes frontières, dans une attente interminable pour régler les tracasseries administratives. Les fiancés se découvrent à travers les barbelés et les volontaires de la Croix-Rouge font les intermédiaires entre deux mondes qui refusent de se parler. Drôle d’ambiance mais un film très chaleureux qui jusqu’au bout, est du côté de ceux qui veulent changer le monde, pour le rendre plus doux, plus humains, plus fraternel. grâce à La fiancée syrienne, on peut croire que, parfois, les hommes peuvent arriver à vivre ensemble malgré leurs différences, et à se réconcilier malgré les blessures passées. Un formidable message d’espérance souligné par le prix du Jury œcuménique au Festival de Montréal.
Magali Van Reeth |
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