|
|
 |
 |
 |
A découvrir Fiches cinéma |
 |
|
|
 |
 |
 |
 |
 |
|
Au sud des nuages
De : Jean-François Amiguet Sortie France le : mercredi 23 mars 2005
Suisse, 2004, 1h21
Voyage inattendu et sinueux, à travers des paysages surprenants mais surtout en compagnie de personnages qui cherchent au bout du monde ce qu’ils n’ont pas réussi à trouver chez eux. |
Voilà un film qui a le charme des journées d’école buissonnière. Celles où on laisse derrière soi la vie ordinaire et les soucis pour aller prendre l’air. En Suisse, dans un coin où il n’y a que des vaches et deux saisons « l’hiver passé et l’hiver prochain », 5 vieux copains font une cagnotte. 5 paysans bien bourrus, taiseux, style chemise à carreaux en pilou et couteau dans la poche. La cagnotte, c’est pas pour boire (ils sont au vin blanc en permanence) mais pour partir en vacances. Cette année, ce ne sera pas Amsterdam mais la Chine, et en plus, la Chine en train, par le transmongolien qui va de Moscou à Pékin en passant par Oulan-Bator. Pourquoi la Chine ? Pourquoi pas… Pourquoi le train ? Parce qu’y a qu’à se laisser porter !
Dédié « à ceux qu’on a aimé et qui sont morts », le film de Jean-François Amiguet est un voyage où le trajet et ce qu’on peut y voir n’a pas beaucoup d’importance. Ce qui est important, c’est la façon dont le héros principal va vivre ce voyage. On a sans cesse l’impression qu’il le fait à regret et avec détermination. Et ce décalage inhabituel, vaguement mystérieux attise la sympathie et la curiosité du spectateur. Mais a-t-on vraiment le temps de se rendre compte puisqu’on est pris par le déroulement du voyage ? Les péripéties surviennent, à l’intérieur du groupe mais aussi parce qu’un Suisse confronté à l’immensité de l’Oural ou à l’exotisme de la Mongolie, ça tranche, c’est même drôle. Mais gentiment drôle, avec une sorte de poésie où on ne l’attend pas.
Et c’est finalement ce petit côté surprenant qui a le plus de charme. On pensait partir en voyage organisé en compagnie de vieux célibataires râleurs et attachés à leurs petites habitudes et voilà que le train s’attarde sur des douleurs muettes et sur la solitude. Plus on s’enfonce dans cette Chine si déroutante, plus on peut y trouver de quoi cicatriser les deuils anciens et raviver la douceur des souvenirs qui ne s’achètent pas. Parvenu au Yunnan, cette province de la Chine dont le nom signifie « au sud des nuages », le film nous surprend encore par une très belle scène finale, délicieusement inimaginable et émouvante. Au sud des nuages est un moment de cinéma rare et précieux qu’il serait dommage de laisser passer !
Magali Van Reeth |
|
|
|
|
|
|
|
|
|