Folle embellie
De : Dominique Cabréra Avec : Miou-Miou, Jean-Pierre Léaud, Morgan Marianne, Maryline Canto, Julie-Marie Parmentier, Yolande Moreau
Sortie France le : jeudi 1 janvier 1970
France, 2002, 1h50.
Prix du Jury œcuménique au Festival de Berlin Forum 2004.
Sortie en France le 7 juillet 2004
Dans les désordres de la guerre, un groupe de malades mentaux fait l’école buissonnière et, découvrant la liberté et l’autonomie, découvre aussi une autre façon de vivre. Un film étonnant et riche. |
Dans la vie, les événements exceptionnels engendrent souvent des comportements exceptionnels. Les guerres et les révolutions occasionnent des désordres sociaux mais aussi des ruptures intimes qui bouleversent les individus autant que les groupes sociaux. Folle embellie raconte une de ces parenthèses particulière de l’Histoire où la vie de quelques hommes a été chahuté d’une façon plutôt positive. Dans la France de l’été 1940, la guerre jette sur les routes des milliers de personnes. Elle ouvre aussi les portes de l’asile départemental de la Loire. Un groupe de pensionnaires, plus hardis que les autres, ou moins malades, en profite pour aller découvrir le monde de l’autre côté des barreaux.
Dominique Cabréra est une réalisatrice française qui, dans tous ses films, que ce soit des fiction ou des documentaires, tente de montrer combien les individus sont sensibles à ce qui se passe autour d’eux, comment un événement bouleverse leur intimité, leur donne l’occasion de changer. Exil forcé, naissance d’un enfant, grève, nous sommes liés à d’autres et ces liens nous dépassent et nous transforment. Avec un ton toujours juste et une certaine humilité face à son sujet, Dominique Cabréra explore le monde dans lequel elle vit avec une fausse légèreté qui enveloppe la souffrance de ces mutations. Autour de ces moments de folie où les utopies peuvent naître et les êtres se transformer, elle construit des contes de réconciliation qui disent plus que l’instant.
Folle embellie est une virée tragi-comique d’une bande d’hurluberlus dévastés par les maladies psychiques vers un monde dévasté par le chaos de la guerre. Les rencontres seront parfois désastreuses (la mort est réelle, la faim omniprésente), parfois tendres. Mais une fois sortis de l’asile, les malades découvrent cette liberté dont ils étaient privés et qui parfois leur sera fatale. Ils découvrent aussi qu’on peut les regarder autrement et leur rendre cette part d’eux même que l’institution psychiatrique leur avait enlevée. Une autre façon de vivre est alors envisageable.
Pour construire cette Folle embellie, Dominique Cabréra a choisi des acteurs qu’on ne voit pas trop souvent mais toujours avec plaisir. On retiendra notamment Jean-Pierre Léaud, pour une fois réveillé, qui joue une folie tragique et désespérée avec toute l’élégance de ces personnages hors norme ; et Miou-Miou qui interprète avec simplicité une femme à la fois maternelle et égarée.
Ce film faisait partie de la sélection Forum au dernier Festival de Berlin et a obtenu le prix du Jury œcuménique.
Magali Van Reeth |
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