Comme une image
De : Agnès Jaoui
Avec : Marilou Berry, Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Laurent Grevill
Sortie France le : mercredi 22 septembre 2004
France, 2003, 1h50.
Sélection officielle au Festival de Cannes 2004.
Prix du scénario.
Sortie en France le 22 septembre 2004.
Chronique grinçante de nos comportement sociaux à travers le regard de Lolita, 20 ans et 20 kilos en trop, qui aimerait qu’on la regarde pour elle-même et non pas parce qu’elle est la fille d’un homme célèbre. Décapant ! |
Ce qu’on demande la plupart du temps aux enfants, même si on ne le formule pas à voix haute, c’est bien sûr d’être sages comme une image. Et surtout, de ne pas renvoyer à leurs parents un reflet désagréable de leur propre image… Lolita Cassard fait tout le contraire. Parce qu’elle n’a absolument pas le physique qui colle à son prénom, qu’elle est grosse et qu’elle se sent moche, elle emmerde ses parents et leur renvoie une image peu flatteuse. Il faut dire qu’elle est mal tombée. Son père est un écrivain célèbre, égocentrique et goujat, surtout quand il se sent en panne d’inspiration. Il est remarié avec une jeune femme qui fait ce qu’elle peut pour ne pas déranger son mari et pour plaire à sa belle-fille. Lolita trouve que personne ne s’intéresse à elle, surtout pas son père, à qui elle aimerait tellement plaire (ou ressembler ?). Elle n’est que « la fille de » et c’est insupportable !
Agnès Jaoui aime scruter, là où ça fait mal, nos comportements. Si, sur le fond, on est tous d’accord pour être plus gentils les uns avec les autres, au quotidien et dans la réalité, dans le milieu professionnel comme dans la vie familiale, ça coince tout azimut ! Pas besoin d’être à la tête d’un état pour donner libre cours à sa vocation de tyran, certains pères le font très bien. Un peu de succès nous fait perdre les pédales et oublier jusqu’à la plus simple politesse. Quand à ceux qui sont faibles, moches ou fragiles (quand ce n’est pas tout à la fois), on a vite fait de les blesser par une méchante pointe d’ironie qu’on appelle hypocritement de l’humour. Ou de les utiliser sans scrupule pour parvenir à nos fins. Comme une image, c’est l’histoire du calvaire de Lolita dans ce monde de brutes, le nôtre.
Si le film est très réussi, et délivre avec humour et finesse son message, sans pour autant être trop noir. Mais on a parfois l’impression accablante, de retrouver de film en film des « copier-coller » exaspérants des deux acteurs, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, identiques à eux-mêmes jusque dans les moindres mimiques. A quand un film qui nous les montrera sur un autre jour ?
Magali Van Reeth |
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