L’ivresse du pouvoir
De : Claude Chabrol Avec : Isabelle Huppert, François Berléand, Patrick Bruel, Marilyne Canto
Sortie France le : mercredi 22 février 2006
France, 1h50, 2005.
Sélection officielle Berlin 2006.
A travers l’évocation d’un des grands scandales politico financier français, Claude Chabrol dénonce, sans trop de méchanceté, l’hypocrisie des milieux dirigeants de notre pays. |
La première image du film nous prévient que toute ressemblance avec des personnages ou des situations réelles est, comme on dit, fortuite. Mais tout le monde le sait, L’ivresse du pouvoir brosse à grands traits quelques épisodes d’un grand scandale politico financier français de la fin du 20ème siècle, où notre compagnie pétrolière nationale et ses dirigeants eurent à s’expliquer sur de nombreuses pratiques occultes et surtout illégales, en Afrique notamment.
Claude Chabrol, toujours prêt à dénoncer l’hypocrisie, s’attache au personnage du juge, une femme exigeante et déterminée à faire appliquer la justice pour tous, interprétée ici par Isabelle Huppert. Dans son cabinet de juge d’instruction défilent tous les dirigeants de la compagnie en question, des hommes habitués au pouvoir, à la reconnaissance des politiques, aux dessous de table. Leur seule défense est : « tout le monde fait ça, c’est pour le bien de la France ». Ils sont pathétiques, misérables et presque infantiles. Et ces confrontations sont les moments les plus drôles du film.
Car il faut bien avouer qu’on a connu Claude Chabrol plus mordant. L’ivresse du pouvoir ne nous apprendra rien qu’on ne sache déjà. L’image lamentable de la classe dirigeante française est plutôt présentée sous un jour bon enfant, un peu d’accent du Midi, ça rend tout homme véreux un peu moins détestable. La juge est elle-même un personnage ambiguë et si on ne peut mettre en doute son intégrité et ses motivations, elle a parfois, dans sa vie personnelle, des réactions qui font vaciller cette belle image. Quelle est la véritable intention de Claude Chabrol ? L’ivresse du pouvoir peut sur ce plan nous décevoir un peu.
Il reste la formidable capacité du réalisateur à camper des ambiances, à traduire par un détail ou un geste, toute la veulerie d’un personnage, sa lâcheté et son absence totale de morale. Une certaine dérision face au monde de l’argent, illustrée par un des second rôle, le neveu ex-énarque qui gagne sa vie au poker en plumant les riches oisifs. Ou toute la naïveté de ce « président » qui découvre les conditions de vie en prison. Un film somme toute agréable à voir, ce qui peut être regrettable pour un sujet aussi grave.
Magali Van Reeth |
|
|