Mon père est ingénieur
De : Robert Guédiguian Avec : Ascariade, Jean-Pierre Daroussin, Pacale Roberts, Jacques Boudet
Sortie France le : mercredi 18 août 2004
France, 2003, 1h48.
Sortie en France le 18 août 2004.
Conte de fée provençal sur fond de Nativité, le dernier film de Guédigian est un hommage à ceux qui luttent encore pour changer le monde, qu’ils soient d’inspiration communiste ou chrétienne. |
Depuis près de 20 ans, le réalisateur français Robert Guédigian filme sa ville, Marseille, et ceux qui y vivent. Souvent des petites gens, copines au rire tonitruant, chômeurs, jeunes en errance, immigrés de longue date ou tout juste arrivés, marins pêcheurs, patrons de bistro à l’accent chantant. C’est un autre visage de Marseille, entre le bleu de la mer qu’on devine immense et les immeubles trop grands eux aussi. Marseille ancrée dans la réalité d’aujourd’hui, moderne, avec l’autoroute qui dévaste les quartiers anciens et le capitalisme qui dévaste les plus faibles. Ici comme ailleurs, la classe ouvrière a perdu sa foi et sa dignité mais il y a encore des hommes et des femmes qui pensent qu’un monde meilleur est toujours possible.
Pour ce nouveau film, Robert Guédigian mélange allégrement ce qui reste de conviction communiste et de foi chrétienne ancrée dans la culture provençale, pour offrir au spectateur une fable sur l’espérance. Mon père est ingénieur est une crèche racontée au présent avec des personnages en souffrance qui retrouvent l’espoir, et se retrouvent ensemble, au moment d’une naissance mystérieuse mais qui annonce une bonne nouvelle : un autre monde est possible ! Fable en costume provençaux qui prend des libertés avec le texte d’Yvan Audouard où le bœuf et l’âne de la crèche sont des SDF et où le jeune Vincent qui enlève la belle Mireille s’appelle Rachid. Fable qui intègre aussi une histoire d’amour douloureuse entre deux personnes qui se posent trop de questions. Deux facettes pour un même conte et Robert Guédigian dit et redit tout à la fois la difficulté de vivre ensemble et l’urgence de le faire. Construire ensemble un couple, comme construire ensemble une vie de quartier pour qu’un monde plus humain devienne réalité.
On pourra être surpris par une certaine naïveté qui traverse le film mais la force du message généreux et presque prophétique par moments, emporte les réticences. Cette naïveté étant justement à rapprocher avec celle de l’enfant de la crèche : elle donne au film sa cohésion. Robert Guédigian, qui tourne toujours dans les mêmes lieux et avec les mêmes acteurs, n’a plus besoin de séduire artificiellement un public, il est porté par l’urgence de son œuvre cinématographique et cela se ressent tout au long du film.
Magali Van Reeth |
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